La Bretagne mise à l’honneur
La seconde particularité de Bizu après son absence de violence, c’est qu’il s’agit de la toute première série dont l’action se centre majoritairement en Bretagne, plus précisément dans la forêt de Brocéliande, terre de légende dont la renommée est internationale surtout grâce aux légendes arthuriennes. D’abord baptisée Frotéliande (jeu de mots imaginé par l’auteur), la forêt reprendra son nom d’origine dans le récit La nuit du pou.
Fournier sème également des noms et des expressions bretonnes dans ses récits courts.
On trouve dans plusieurs récits bon nombre de faits appartenant au folklore breton : durant la nuit de Noël, les animaux peuvent parler. Dans Le Chevalier Potage, l’un des protagonistes est un korrigan victime d’une métamorphose. Les instruments de cette région sont récurrents comme par exemple le biniou (nom breton pour désigner une cornemuse).
« Pourquoi l’Ankou n’est pas présent alors ? », me direz-vous. Tout simplement parce que ce personnage emblématique du folklore breton a déjà été mis à l’honneur dans la saga de Spirou. Ensuite, parce que même si Bizu est une série poétique et fantastique (au sens où il y a de la magie dans l’air), l’Ankou est le valet de la mort, celui qui dans sa charrette rassemble les âmes des défunts. Il est toujours délicat dans une BD pour enfants d’aborder la mort, inutile d’y mettre un lien direct avec l’un de ses serviteurs.
Les aventures se déroulent dans des lieux célèbres comme pour Le Signe d’Ys. Elles peuvent se passer sur terre ou sur mer, les deux éléments essentiels de la Bretagne. Ainsi par exemple, Le piège mélomane se déroule au bord de mer ; La croisière fantôme en pleine mer.
N’oublions pas la magie qui imprègne depuis la nuit des temps la forêt de Brocéliande : les flammes peuvent s’animer d’elles-mêmes, les fleurs sont capables de parler, les harpes peuvent retourner à l’état d’arbre, on trouve des binious sauvages et des sceptres qui n’en font qu’à leur tête. La porte de la magie est grande ouverte !
Et le tableau ne serait bien entendu pas complet s’il n’y avait pas un petit peuple veillant sur les lieux et dont la présence est indécelable aux yeux de tous – sauf si l’on connaît la formule pour les faire apparaître.
Dernière particularité : ce lieu est « intemporel ». Il est impossible de se fier aux apparences des personnages pour leur donner un âge physique. De même, toutes les époques peuvent se mêler et il est possible de rencontrer un chevalier du Moyen-Âge et quelques planches plus tard, une voiture ou des objets appartenant au 20ème siècle, ce qui prouve bien combien la magie de ces lieux est puissante.
Eyaël
[hr]
Commentaires récents